Les comportements des individus reposent en particulier sur une évaluation coût/bénéfice faite par chacun. Il en va de même pour la vaccination où l’on sait que vont entrer en jeu les droits acquis, où plutôt ici restaurés, que cela peut procurer à un individu.
Les américains, dont la campagne de vaccination est très avancée (40% de personnes ayant reçu une première dose versus 20 en France) ont été les premiers via les CDC à oser aborder le sujet.
L’ECDC européen vient à son tour s’emparer de ce sujet sensible au travers d’intéressantes premières recommandations.
Ce texte propose une estimation des risques de transmission du virus, et de développement d’une forme grave associée, en population générale selon le statut vaccinal des personnes et leurs facteurs de risque.
L’ECDC fait déjà un point des décisions prises dans les pays d’Europe qui majoritairement concernent un allègement des mesures de confinement en EHPAD et des suppressions de quarantaine pour les voyageurs.
L’ECDC fait aussi des propositions, similaires à celles des américains, comme par exemple : « Lorsque des personnes entièrement vaccinées rencontrent d’autres personnes entièrement vaccinées (risque très faible / faible), la distance physique et le port de masques peuvent être assouplis ».
A ce stade, aucun pays de l’union européenne n’a encore fait siennes ces règles dont on imagine bien la complexité de déclinaison en particulier dans l’espace public mais aussi privé car nécessitant une compréhension de la transmission qui semble encore faire souvent défaut. Toutefois, avec la montée en charge de la couverture vaccinale, mais aussi le fait qu’avec le temps l’offre puisse dépasser la demande, il va être nécessaire que chaque pays se penche sur la question dans les semaines à venir.
En France, on sait que l’application TousAntiCovid a vu s’ouvrir son espace « TousAntiCovid Carnet » via lequel on pourra stocker des résultats de tests de diagnostic et l’attestation vaccinale via un QR code délivré par l’assurance maladie.
Au niveau international, l’OMS a attiré récemment l’attention sur certains risques associés aux passeports vaccinaux en particulier celui de diminuer la liberté et les droits des plus vulnérables et un de ses comités a proposé de “Ne pas exiger de preuve de vaccination comme condition d’entrée, étant donné les preuves limitées (bien que croissantes) de la performance des vaccins dans la réduction de la transmission et l’iniquité persistante dans la distribution mondiale des vaccins. Les États membres sont vivement encouragés à reconnaître le potentiel des exigences de preuve de vaccination à aggraver les inégalités et promouvoir une liberté de déplacement différentielle”.
On voit bien que l’on a ici des enjeux complexes mais cruciaux, visant à favoriser la vaccination et restaurer certaines libertés et activités, le tout dans un contexte épidémique qui reste dans beaucoup de pays très instable. Evidemment, cette approche se doit de rester égalitaire et donc d’offrir a minima l’accès à la vaccination à tous.
Chacun aura évidemment son rôle à jouer dans le succès de ces stratégies qui ne manquera pas de faire largement débat.
Pierre Parneix
Responsable du CPias Nouvelle Aquitaine
Actualisation : le HCSP a mis en ligne le 26 avril ses premières recommandations sur le sujet. A découvrir donc !